Podcast : Histoires de Bibles
L’histoire de la Bible et de ses nombreuses traductions À chaque épisode, l’Alliance biblique française vous fait pénétrer dans sa bibliothèque historique ...
Article écrit le 24/10/2025
Jacques-Jean-Louis Segond, est né le 3 octobre 1810 à Plainpalais, alors commune suburbaine de Genève, et il est décédé dans cette même cité le 18 juin 1885. D’origine fort modeste, son père, de nationalité française et de confession catholique romaine, avait servi dans l’armée napoléonienne et tenait une échoppe de cordonnier, tandis que sa mère était une Genevoise protestante. Leurs deux fils ont été baptisés dans l’Eglise réformée.
Après ses études secondaires achevées en 1826, Louis Segond entre à l’Académie de Genève, où il se passionne pour les sciences naturelles et la médecine. Mais le vif souvenir de son instruction religieuse le fait bifurquer en théologie en 1830. Au cours de ses études, il remporte un concours organisé par la Compagnie des pasteurs sur le thème du dogme de l’immortalité de l’âme chez les Hébreux. « Mais, pour cela, écrira-t-il dans un
discours d’adieux à ses paroissiens le 5 juin 1864, il m’avait fallu lire l’Ancien Testament tout entier ; et, pour plus de sécurité dans mes investigations, j’avais cru devoir remonter au texte original hébreu, à propos duquel je sentis combien ma science était encore chancelante. J’en eus honte ; et, à dater de cette époque, les langues orientales, l’exégèse, l’archéologie et la critique sacrée, entrèrent irrévocablement pour une large part dans mes travaux. »

En 1834, il prend le grade de bachelier en théologie à Strasbourg avec une thèse sur Ruth et se voit consacré au ministère à Genève. Il obtient en 1835 sa licence en théologie, toujours à Strasbourg, avec une thèse en français sur l’Ecclésiaste et une en latin sur la notion de Sheol. Et l’année suivante déjà, il accède au grade de docteur en théologie avec une recherche intitulée De la nature de l’inspiration chez les auteurs et dans les écrits du Nouveau Testament, dont la conclusion est révélatrice de sa théologie : « L’inspiration est une influence. surnaturelle de Dieu sur ses envoyés destinés à enseigner la Révélation, influence qui, en laissant dans la plupart des cas leurs facultés libres, leur communiquait à divers degrés une forme supérieure, un accroissement de lumière et de pouvoir miraculeux, en sorte que, sans posséder une toute-science absolue, ni être à l’abri de quelques erreurs ou faiblesses, ils étaient rendus capables d’annoncer dans leur pureté la doctrine et la morale évangélique et de les transmettre fidèlement à la postérité. »
Segond défend donc un supranaturalisme modéré néanmoins plus proche de l’orthodoxie évangélique que du libéralisme positiviste de l’époque. Durant sa période strasbourgeoise, Segond a séjourné une année et demie à Bonn auprès de l’arabisant Georg Wilhelm Friedrich Freytag.
De retour à Genève en 1836, il fonde une société d’exégèse du Nouveau Testament qui subsistera jusqu’en 1841. Entre 1838 et 1840, il prépare deux cours libres sur l’histoire de la langue hébraïque (1838) et sur l’interprétation de la Genèse (1839-1840). En 1839, désirant une paroisse, il acquiert la bourgeoisie genevoise et, au cinquième tour de scrutin, il est élu à Chêne Bougeries dans la banlieue genevoise. Durant ses vingt quatre ans de ministère à Chêne, Segond entretient sa passion pour l’étude de l’hébreu et de l’Ancien Testament, publiant notamment en 1841 son Traité élémentaire des accents hébreux, envisagés comme signes de ponctuation (réédité en 1874), en 1856 sa Géographie de la Terre sainte (rééditée en 1886) et sa Chrestomathie biblique en 1864 qui se veut explicitement un échantillon d’une traduction complète de la Bible.
Devant le quasi-rejet par le public de la Bible de Genève parue en 1805 et les échecs successifs des commissions de révision, la Compagnie des pasteurs avait acquis la conviction vers 1860 qu’il fallait donner à l’Eglise une nouvelle traduction de l’Ancien Testament qui soit une œuvre individuelle plutôt que collective. En juin 1864, Segond démissionne de sa paroisse, vient habiter Genève et le 1er juillet 1864, la Vénérable Compagnie le charge de donner à l’Eglise, dans un délai de six ans et demi, une nouvelle traduction de l’Ancien Testament... Louis Segond, travailleur acharné et précis, remet le 6 janvier 1871 sa version achevée qui sera imprimée en 1873 avec le millésime 1874 sous le titre Ancien Testament, traduction nouvelle d’après le texte hébreu. Œuvre individuelle, cette traduction l’a été au-delà de toute attente. D’anciens collègues ont rapporté de Segond qu’« il ne traçait jamais une phrase sans en avoir consciencieusement pesé tous les mots, mais, ce qu’il avait une fois écrit était écrit pour toujours, et aucune force humaine n’aurait pu l’en faire revenir ». La commission chargée de superviser son travail l’a d’ailleurs découvert à ses dépens. Mais c’est aussi là que réside son succès. Cette traduction est le chef-d’œuvre d’un des meilleurs hébraïsants protestants de l’époque contemporaine, dont le sens très remarquable de la langue française impressionne aujourd’hui encore.
Le 20 décembre 1872, Louis Segond est nommé professeur d’hébreu et d’exégèse de l’Ancien Testament. Fort de son premier succès, Segond entreprend alors, sur la base de l’édition critique de Konstantin Tischendorf, la
traduction du Nouveau Testament qui paraît en 1880. Traduction moins « nouvelle » que celle de l’Ancien Testament à en croire la brouille qu’il aura avec son collègue bibliste Hugues Oltramare, qui, sous les auspices également de la Compagnie des pasteurs, avait produit aussi entre 1866 et 1871, un Nouveau Testament en français. Après sa traduction de la Bible, Louis Segond n’a pour ainsi dire plus rien publié, soucieux qu’il était d’échapper à tout étiquetage théologique qui aurait pu porter ombrage à son œuvre. Les bibles que nous avons à disposition aujourd’hui et qui portent son nom sont toutes des révisions, mais il est facile de retrouver sur l’Internet l’original de 1880.
LES DIPLÔMES DE LOUIS SEGOND SORTENT DE L’OMBRE
L’Alliance biblique française a eu la joie de se voir offrir cette année les trois diplômes de théologie de Louis Segond. Le généreux donateur, Henri George, est tombé dessus par hasard alors qu’il recherchait pour une exposition des timbres représentant des sujets religieux. « Un de mes correspondants m’a proposé les diplômes de Louis Segond sans en connaître l’intérêt pour moi », explique le philatéliste perpignanais. Après l’exposition, il décide de donner les précieux documents. « Je ne pouvais pas les garder uniquement pour moi. Il m’a alors semblé tout naturel de vous les proposer, en tant qu’institution imprégnée par la Bible. » Anecdote intéressante : les diplômes ont été délivrés au théologien suisse par le ministre protestant François Guizot, dont la signature figure sur les documents.
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