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« En Algérie, avoir une Bible reste un luxe ! »

  • Ali Khidri est secrétaire général de la Société biblique en Algérie depuis les années 1990. Il part à la retraite au terme de cette année 2023. Cette fin de cycle est l’occasion de nous intéresser tout particulièrement au ministère biblique en Algérie.

À quoi ressemble la Société biblique en Algérie ?

Nous avons un bureau, un magasin et des stockages un peu partout au niveau des communautés locales. Nous sommes cinq personnes à plein temps mais seulement deux salariés. Les autres sont bénévoles. Celui qui est employé avec moi, Rezki, a rejoint l’équipe il y a quatre ans. Le Seigneur a pourvu à un frère pour ma succession. C’est lui qui va me remplacer officiellement comme secrétaire général après l’Assemblée mondiale de l’Alliance biblique universelle en octobre.

 

 

Pouvez-vous nous parler du contexte en Algérie dans lequel vous œuvrez ?

On est passé par des hauts et des bas. La décennie noire, période de guerre civile des années 90, a paradoxalement été pour nous un temps béni. Nous avons pu atteindre des milliers de personnes. Depuis 2017, c’est plus compliqué. Actuellement, 80 % des églises sont fermées, mais les chrétiens continuent de se réunir en petits groupes dans les maisons. La Bible n’est pas suffisamment disponible aussi. En France, chaque personne peut avoir la sienne et même plusieurs dans différentes versions. En Algérie, avoir une Bible papier, ça reste encore aujourd’hui un luxe. De plus, dans certains environnements, c’est mal vu. Le fait d’avoir accès à la Bible sur le téléphone et sur l’ordinateur, ça a été révolutionnaire pour nous.

 

Le fait d’avoir accès à la Bible sur le téléphone et sur l’ordinateur a été révolutionnaire pour nous.

Interview Ali Khidri 2

Comment votre travail est-il impacté ?

Nous rendons grâce à Dieu car la Société biblique reste ouverte. Nous connaissons néanmoins d’énormes problèmes. Sur un plan administratif, nous subissons des blocages. Certaines de nos bibles sont coincées depuis bientôt deux ans au port. Nous avons également des restrictions au niveau des licences d’importation avec le ministère des affaires religieuses. Même quand nous possédons toutes les autorisations, nous pouvons faire face à des blocages. Ce peut être pour des motifs vraiment dérisoires ou même fallacieux. Parfois, c’est à en mourir de rire. On peut nous demander :

« Pourquoi est-ce qu’il y a écrit Jérusalem sur la Bible ? ».

 

 

Quels sont les liens entre les Sociétés bibliques d’Algérie et de France ?

Il s’agit d’une relation fraternelle et d’entraide. Nous faisons partie toutes les deux de l’Alliance biblique universelle. Les liens sont forts. La Société biblique française demeure notre principal fournisseur et c’est aussi un grand soutien pour nous. Beaucoup de nos bibles transitent par la France. Jonathan Boulet et ses prédécesseurs ont toujours été une bénédiction pour nous et d’une grande aide pour importer des Bibles et répondre au besoin des communautés en Algérie.

 

La Société biblique française est notre principal fournisseur et un grand soutien pour nous.

 

Quels sont vos projets du moment ?

Nous travaillons sur une traduction officielle de la Bible en kabyle. Il y avait déjà une première version réalisée il y a plus de dix ans mais qui avait été faite un peu à la va-vite pour pallier un vide total. Cette fois-ci, tout est effectué dans les règles de l’art. Cette nouvelle traduction est très attendue par la population. Elle sera sûrement disponible en 2024.

 

 

Y a-t-il un autre projet ?

Oui. Nous menons un projet au profit des personnes isolées. Dans le Nord, beaucoup de communautés sont bien organisées. Mais dans l’extrême Sud, énormément de chrétiens ne sont pas membres d’un groupe local. Avec la fermeture des églises, beaucoup de croyants sont éparpillés. Mon collègue essaye de s'y rendre au moins deux fois par an. C’est à 4000 km de chez nous ! Nous passons du temps avec eux pour les fortifier, leur apporter de la littérature et les aider à se structurer en petites cellules. En Algérie, la majorité des nouveaux convertis ont un contact avec la Société biblique avant de rejoindre des communautés locales.

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Article écrit par Nicolas Fouquet

Chef de projet et responsable de la collecte de fonds