Alliance biblique française
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Alliance biblique française
ARCHE ou COFFRE ?
Ils feront donc une arche en bois d’acacia, longue de deux coudées et demie, large d’une coudée et demie, haute d’une coudée et demie.
♦ Traduction œcuménique de la Bible |
On fabriquera un coffre en bois d’acacia. Il mesurera cent vingt-cinq centimètres de long, soixante-quinze centimètres de large et soixante- quinze centimètres de haut.
♦ Bible en français courant
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Exode 25.10
C’est le même mot (tébah) qui désigne le bateau de Noé (Genèse 6.14) et la corbeille de Moïse (Exode 2.3). C’est un panier ou un coffre, et pour Noé un bateau en forme de coffre. Un autre mot désigne le réceptacle des documents de l'Alliance dans la tente de la Rencontre, ’arôn (Exode 25.10). Le mot ’arôn évoque un coffre, une caisse, un sarcophage.
Pourquoi tant de versions traduisent-elles ces deux mots par « arche » ?
Déjà la LXX, traduction grecque de la Bible hébraïque au 2e siècle av. JC, utilise un même mot, kibotos, pour parler du bateau de Noé et du coffre de la tente de la Rencontre, sans doute pour rappeler que l'Alliance avec le peuple hébreu a ses racines dans l'Alliance avec Noé puis Abraham avant Moïse.
La Vulgate en latin utilise elle aussi un même terme, arca, pour parler du bateau de Noé et du coffre de la tente de la Rencontre. Ce mot signifie boîte, coffre, cercueil, citerne... et fait assonance avec arcus, qui désigne l’arc, l’arche d’un pont, l’arceau.

Agrandissement de la page d'Exode 25 de : Ancien Testament interlinéaire - hébreu/français
Que choisir ? Coffre ? Arche ?
Le mot arche, venu du latin, fait perdre un sens (la forme de la boîte, sens qui était encore présent en latin) et ajoute un autre sens (le passage, la passerelle). Ce sens est absent des mots hébreu et grec, mais évoque le lien entre deux rives. On peut y voir une allusion à l'Alliance entre Dieu et les hommes qui avaient été séparés par le péché au début de la Genèse.
Pourtant, le terme arche a vieilli et nécessite une explication. Selon le public que l’on vise, on pourra donc lui préférer le mot coffre, plus prosaïque mais plus clair. Coffre est proche du sens littéral, et évoque en français l’objet dont il est question. Mais le mot coffre manque de... coffre ! Il n’a pas le même pouvoir évocateur, il perd l’allusion à l’Alliance entre Dieu et les hommes.
Traduire, c’est perdre du sens et gagner du sens. Traduire, c’est faire un choix, en fonction du public que l’on vise, de son niveau de langage, etc., pour évoquer non seulement la réalité physique d’un objet mais aussi, si on le peut, toutes les connotations culturelles qui s’y rattachent. C’est pourquoi il est bon que plusieurs versions coexistent.
Francine Leclerc
ABF- Biblioscope - avril 2015
ABF- Biblioscope - avril 2015
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