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L'histoire de l'Alliance biblique française

  • L’Alliance biblique française a pour mission de traduire et diffuser la Bible et de promouvoir sa lecture. Aujourd’hui au service de toutes les Églises, elle est l’héritière d’un mouvement biblique né il y a bientôt deux cents ans au sein du protestantisme français et européen.

L’Alliance biblique française a été créée en 1947, sur l’impulsion du pasteur Marc Boegner par la fusion de trois associations : la Société biblique protestante de Paris (1818), la Société biblique de France (1864) et l’Agence française de la Société biblique britannique et étrangère (1820).

 

 

Des initiatives françaises

Logo Société biblique 1839La première Société biblique officielle fut fondée en 1818 par un groupe de pasteurs et de laïcs réformés et luthériens de Paris. Ils se donnaient pour mission « de répandre parmi les chrétiens protestants les Saintes Écritures, sans notes ni commentaires, dans les versions reçues et en usage dans leurs églises » (art. 1). Ce comité comptait plusieurs hautes personnalités, comme le Marquis de Jaucourt et le comte Boissy-d’Anglas, pairs de France, ou le naturaliste Georges Cuvier, académicien et secrétaire de l’Académie royale des sciences.
 
Au lendemain de la Révolution, le protestantisme français sortait affaibli d’un siècle de persécution. La Société biblique de Paris est le premier jalon d’un renouveau spirituel qui donnera naissance à plusieurs autres œuvres d’évangélisation ou d’éducation. Elle connaît un développement rapide. En un an, 113 comités auxiliaires sont créés en province (663 en 1829), assurant une base populaire au mouvement.

 

 

Une « Internationale » de la Bible

Avant 1818, d’autres associations de diffusion de la Bible avaient déjà vu le jour comme la Fondation Léo (1813) ou des sociétés bibliques locales (Strasbourg, 1816). Mais l’impulsion initiale est venue d’Angleterre. La Société biblique britannique et étrangère fondée en 1804, soutenue par les plus grandes personnalités du Royaume-Uni, a pour ambition de traduire et diffuser la Bible dans tous les pays et toutes les langues. En dépit de la guerre, cette Société, agissant par l’intermédiaire de la Société biblique de Bâle (1804), subventionne la diffusion de bibles en France. Elle soutient la création de la Société biblique de Paris tout en créant sa propre agence en 1820, avec la volonté d’élargir la diffusion de la Bible à toute la population.
 
C’est une véritable « Internationale » de la Bible qui se met en place en Europe. La création de la Société biblique de Paris est saluée par les sociétés bibliques sœurs de Suède, de Russie, des États-Unis, etc. L’Église catholique parfois partie prenante du mouvement à ses débuts, comme en Allemagne, va bientôt le condamner. La polémique s’installe aussi en France : on accuse la Société biblique d’être « une mission d’anarchie religieuse qui allait bientôt répandre de nouvelles semences de discorde, détruire l’ordre social lui-même » (Lamennais). Hormis quelques personnalités d’exception, il faudra attendre le 20e siècle pour que la diffusion et la lecture de la Bible soient à nouveau encouragées au sein de l’Église catholique.

 

Coloporteur de la Société biblique

 

 

Le temps des polémiques

Au 19e siècle, la diffusion de la Bible en France s’inscrit dans un contexte religieux et politique tourmenté. La liberté est toujours fragile, et le colportage, seulement toléré jusqu’alors, n’est autorisé qu’à partir de 1880.

L’Église catholique marque son opposition, sous l’influence du courant dit « intransigeant » qui condamne pêle-mêle, comme les « principales erreurs de notre temps », protestantisme, nationalisme, socialisme, sociétés secrètes et sociétés bibliques (Syllabus de Pie IX, 1864). Du côté protestant, l’existence de sociétés bibliques concurrentes reflète de graves dissensions internes. Ainsi la Société biblique de France naît, en 1864, d’un conflit entre l’aile « évangélique » et la majorité « libérale » du comité de la Société biblique protestante de Paris. Pourtant, oppositions et dissensions ne freinent pas le zèle de tous ceux qui - notables de la haute société ou colporteurs issus des classes populaires – se consacrent à la mission de « mettre la Bible à la portée de tous ».

 

Un trésor commun à partager

Le 20e siècle, théâtre des conflits mondiaux et de l’affrontement des idéologies, est aussi le siècle du rapprochement entre les branches divisées du christianisme. Le mouvement œcuménique s’organise à l’échelle mondiale (Conseil œcuménique des Églises 1947). Le monde évangélique se fédère au sein du mouvement de Lausanne (1974). Dans l’Église catholique, le concile Vatican II (1962-1965) encourage l’ouverture sur le monde, le dialogue avec les autres chrétiens et la lecture de la Bible pour tous.

En France, les trois sociétés bibliques unissent enfin leurs efforts avec la création de l’ABF en 1947. À partir des années 1980, suite à l’impulsion donnée par la TOB, le conseil d’administration de l’ABF accueille des membres non protestants en son sein. Le tournant est pris : désormais, catholiques, protestants, évangéliques et orthodoxes œuvreront ensemble pour la diffusion de la Bible, leur trésor commun.

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Article écrit par Bernard Coyault

Ancien Secrétaire général de l'Alliance biblique française